L’ONU estime à 70 milliards $ par an le coût humain des dépenses militaires en Afrique subsaharienne

Actualité Africaine

Alors que les budgets militaires africains ont atteint plus de 52 milliards $ en 2024, leur hausse détourne des ressources essentielles, accentuant la pauvreté, les inégalités et la fragilité des systèmes de santé et d’éducation.

L’Afrique subsaharienne devra mobiliser environ 70 milliards de dollars par an pour répondre à ses besoins en développement humain, en raison des pressions exercées par la hausse des dépenses militaires. C’est ce que souligne le rapport des Nations Unies (ONU) intitulé : « The Security We Need: Rebalancing Military Spending for a Sustainable and Peaceful Future ».

Selon le document, l’augmentation des dépenses militaires accentue la vulnérabilité économique en réduisant les marges budgétaires pour la santé, l’éducation et la protection sociale. « Les gouvernements assouplissent déjà les mesures de protection budgétaire pour couvrir les dépenses militaires, une mesure qui risque d’évincer les ressources financières pour le développement et d’accroître le risque d’insécurité économique », ont indiqué les experts.

Par ailleurs, dans les pays en conflit, « l’augmentation des dépenses militaires est directement associée à la destruction et aux pertes économiques », a indiqué l’organisation, tout en ajoutant qu’en moyenne, les pays impliqués dans des conflits de haute intensité connaissent une baisse de 50% de la croissance du PIB et une augmentation de 30% de l’inflation.

image1 copy copy copy copy copy

Bien que l’Afrique représente près d’un quart des États membres de l’ONU et 20 % de la population mondiale, il ne contribue qu’à 1,9 % des dépenses militaires mondiales. Toutefois, les conflits persistants, notamment en République démocratique du Congo, au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, ont entraîné une hausse des dépenses dans plusieurs pays, dont le Rwanda, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Burkina Faso et le Kenya.

Les données 2025 du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) montrent que les budgets militaires africains cumulés ont atteint 52,1 milliards de dollars en 2024, soit une progression de 3% par rapport à l’année précédente. L’impact de ces dépenses sur le développement humain en Afrique reste préoccupant, souligne l’ONU. Dans des pays comme la Centrafrique, la Somalie ou le Soudan du Sud, l’espérance de vie a reculé.

En Afrique subsaharienne, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté est passé de 468 millions en 2015 à 587 millions en 2025. L’indice de développement humain (IDH) de la région reste faible, avec une moyenne de 0,568 en 2023, selon le PNUD. Par ailleurs, l’aide internationale au développement destinée à au continent a diminué de 7 % entre 2022 et 2023, accentuant les tensions budgétaires.

À l’échelle mondiale, les dépenses militaires atteignent des niveaux records. Au cours de la dernière décennie, 21 900 milliards de dollars ont été dépensés, soit autant de ressources qui auraient pu transformer les perspectives de développement. En 2024, les budgets militaires ont culminé à 2700 milliards de dollars, poursuivant une croissance ininterrompue depuis dix ans.

image2 copy copy copy copy

« L’incertitude mondiale est déjà à son plus haut niveau depuis la fin de la guerre froide. Une incertitude supplémentaire découlant de l’augmentation des dépenses militaires est susceptible de décourager l’investissement, menaçant la croissance potentielle, l’emploi décent, les recettes publiques et les dépenses sociales », indique l’ONU. Elle explique aussi que cette tendance exerce une pression accrue sur les finances publiques, déjà fragilisées par un endettement massif. La dette mondiale, qui atteint aujourd’hui un sommet historique, pourrait représenter 100 % du PIB mondial d’ici 2030.

Face à ces défis, plusieurs initiatives sont mises en place. Sur le plan continental, l’Union africaine a adopté une politique de reconstruction post-conflit (RDPC) visant à renforcer la gouvernance, restaurer la sécurité, relancer les économies et promouvoir la justice transitionnelle, dans une approche axée sur la souveraineté et la résilience. Sur le plan national, plusieurs pays comme la République démocratique du Congo ont instauré des mécanismes de réconciliation, tels que les commissions vérité et les programmes de réintégration des ex-combattants, pour restaurer la cohésion sociale.

Enfin, l’ONU appelle à un rééquilibrage des priorités, notamment en privilégiant la diplomatie, la coopération et le désarmement, en renforçant la transparence budgétaire, et replaçant le développement durable et inclusif au cœur des stratégies de sécurité comme véritable rempart contre les conflits.

ecofin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *