Premier producteur d’anacarde en Afrique de l’Est et deuxième sur le continent après la Côte d’Ivoire, la Tanzanie consolide sa position sur le marché mondial de la noix. Alors que la campagne de 2025 sera lancée d’ici octobre prochain, la filière vise de nouveaux sommets.
En Tanzanie, la récolte de noix de cajou pour le compte de la campagne de 2025/2026 pourrait atteindre 700 000 tonnes. C’est ce que rapporte l’Alliance africaine du cajou dans un rapport publié en septembre 2025, citant les dernières projections de la filière.
Cette prévision, si elle se réalise, traduirait une croissance de 33 % par rapport au record de 2024 (528 000 tonnes). Elle permettrait, en outre, à la filière tanzanienne de titiller la concurrence et de renforcer sa contribution à l’approvisionnement du marché mondial où elle est encore devancée par l’Inde, le Cambodge et la Côte d’Ivoire.
Graphique : principaux producteurs mondiaux de noix de cajou
Une production qui a longtemps été irrégulière
Il convient de noter que la production de noix de cajou a évolué en dents de scie en Tanzanie sur la dernière décennie. La récolte a plus que doublé, passant de 155 244 tonnes en 2015 pour atteindre 313 826 tonnes en 2017, avant de reculer de 33 % pour tomber à 210 000 tonnes en 2022. Elle a ensuite rebondi, affichant deux années de croissance consécutive pour atteindre 528 000 tonnes en 2024. Globalement, la production tanzanienne aura plus que doublé sur cette décennie.
Graphique : Evolution de la production d’anacarde depuis 2014
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la montée en puissance observée ces dernières années. Selon les autorités, la perspective de croissance attendue en 2025 se fonde principalement sur l’entrée en production attendue de nouvelles plantations mises en place dans le cadre d’une stratégie d’expansion des vergers, initiée quelques années auparavant.
Alors qu’en 2020, les plantations d’anacardiers occupaient plus de 811 700 hectares, principalement répartis dans les régions de Mtwara, Lindi, Ruvuma, Tanga et Pwani, le ministère de l’Agriculture a annoncé l’expansion de la culture d’anacarde dans 13 nouvelles régions, dont Morogoro, Dodoma, Singida ou encore Tabora, dans le cadre des efforts mis en œuvre pour augmenter la production de la filière.
Dans le cadre de cette stratégie, le gouvernement subventionne la production et la distribution de jeunes plants d’anacardiers à haut rendement. Dans un rapport sur la campagne agricole de 2023/2024, le ministère de l’Agriculture a révélé, par exemple, que près de 240 000 plants d’anacardiers subventionnés ont été distribués aux agriculteurs.
À cela s’ajoutent aussi les efforts consentis pour faciliter l’accès aux intrants agricoles. L’anacarde, comme d’autres cultures de rente stratégiques, bénéficie du programme de subvention des engrais et pesticides du gouvernement. A cet effet, le programme de subvention des engrais a, par exemple, permis d’augmenter le niveau d’utilisation de l’intrant dans le secteur agricole de 84 %, à 840 000 tonnes en 2023/2024, contre seulement 457 855 tonnes en 2019/2020.
De plus, il faut rappeler que depuis la campagne de 2024/2025, la production tanzanienne est commercialisée via lesystème des enchères. Un nouveau dispositif qui permet d’obtenir de meilleurs prix pour les exportations et d’entretenir l’intérêt croissant de la filière pour les agriculteurs.
Quid de la transformation
En dépit de l’amélioration de la production, la filière tanzanienne reste confrontée, comme la majorité des pays producteurs africains, à un faible niveau de transformation. Les données compilées par l’Alliance africaine du cajou indiquent, par exemple, qu’en 2024, seulement trois pays, à savoir la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Bénin, abritent près de 80 % des capacités de transformation installées.
Graphique : Capacité installée de transformation d’anacarde en Afrique
En ce qui concerne la Tanzanie, l’ACA estime que seulement 5 % de la récolte nationale d’anacarde a été transformée dans le pays cette année, ce qui suggère que près de 95 % de la production est exportée sous forme brute.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a entamé, avec la coopération de la société Arise, la construction d’un parc agro-industriel exclusivement dédié à la transformation d’anacarde sur un site basé à Maranje, dans la région de Mtwara, en 2023. L’ambition affichée est d’abriter dans ce parc industriel des usines de transformation d’une capacité de traitement cumulée de 600 000 tonnes à terme. En attendant l’achèvement de ce projet, la filière devrait continuer à se passer d’une part substantielle de la valeur ajoutée créée sur le segment de la transformation.
ecofin