La taxe de 4% sur la valeur FOB des produits importés, réintroduite en août 2025 au Nigeria a très tôt fait face à des contestations des acteurs économiques. Comme en février, le gouvernement a décidé de suspendre la mesure, dans un contexte d’inflation en baisse, mais élevée.
Le gouvernement nigérian a décidé de suspendre la mise en œuvre d’une taxe de 4 % sur la valeur « Free on Board (FOB) » des marchandises importées. L’annonce a été faite dans une circulaire du ministre des Finances et de l’Économie, Wale Edun (photo), citée par plusieurs médias locaux. Introduite une première fois en février 2025, puis retirée après des contestations, la mesure avait finalement été réintroduite en août.
Prévue par le Nigeria Customs Service Act de 2023, cette taxe devait remplacer deux prélèvements existants : la taxe de 1% perçue au titre du « Comprehensive Import Supervision Scheme (CISS) » et le prélèvement de 7% correspondant aux frais de perception. Présentée comme un mécanisme de financement plus durable pour le Nigeria Customs Service (NCS), elle visait à moderniser les opérations douanières grâce à des systèmes technologiques renforcés, des plateformes numériques comme le système de dédouanement B’odogwu, ainsi que des outils de gestion des risques et des inspections non intrusives. À terme, l’objectif affiché était de réduire la dépendance du service aux transferts du compte fédéral et de renforcer son autonomie financière.
Mais la mesure a rapidement suscité une forte contestation de la part des industriels, importateurs, transporteurs et transitaires, qui redoutent une nouvelle hausse des prix. Annonçant la suspension, M. Edun a reconnu que la taxe risquait de fragiliser davantage l’économie : « À la suite de larges consultations avec les acteurs du secteur, des experts du commerce et des responsables gouvernementaux concernés, il est apparu clairement que la mise en œuvre de la taxe de 4 % sur la valeur FOB pose de sérieux défis à la facilitation du commerce au Nigeria, à l’environnement des affaires et à la stabilité économique », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Ces inquiétudes s’expliquent par un contexte économique toujours fragile : si l’inflation a légèrement reculé, elle restait à 20,12% en août 2025. Or, avec près de 47 milliards de dollars d’importations en 2024, selon la plateforme Trademap, le Nigeria dépend largement de l’étranger pour ses besoins en produits essentiels : carburants et autres produits pétroliers, céréales, véhicules, machines ou encore produits pharmaceutiques.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Bola Tinubu a lancé des réformes économiques d’envergure, notamment la suppression des subventions sur le carburant. Mais combinées à la volatilité persistante du naira, ces mesures ont entraîné une flambée du coût de la vie, alimentant les tensions sociales. Le gouvernement, qui affirme ne pas vouloir alourdir la fiscalité mais plutôt appliquer plus rigoureusement les règlementations existantes, se retrouve confronté à une opinion publique de plus en plus critique.
Il y a quelques semaines encore, l’exécutif avait dû composer avec la colère du Trade Union Congress (TUC), l’une des principales centrales syndicales du pays, après l’annonce d’une surtaxe de 5% sur les produits pétroliers. Face aux menaces de grève, le ministre Edun a organisé une conférence de presse pour préciser que cette taxe ne serait finalement appliquée qu’à partir de janvier 2026. La suspension du prélèvement de 4% sur les importations s’inscrit dans cette même logique d’apaisement, visant à éviter de nouvelles flambées sociales dans un contexte économique tendu.