Alors que la France et les États-Unis militent pour une évolution du mandat onusien consacrant l’autonomie marocaine, Alger reste figée dans une position rigide, défendant un référendum irréaliste jamais concrétisé depuis plus de trente ans.
La question du Sahara connaît depuis plusieurs mois une inflexion majeure. Les chancelleries occidentales, au premier rang desquelles Paris et Washington, privilégient désormais ouvertement l’option marocaine d’autonomie. La visite de l’émissaire américain Massad Boulos, les signaux envoyés par l’administration américaine et les propos conciliants du roi Mohammed VI à l’égard d’Alger dans son discours du Trône illustrent ce nouveau climat. Le plan marocain, qualifié de « sérieux et crédible » depuis 2007, est désormais envisagé comme le seul cadre pragmatique de règlement.
Créée en 1991, la Minurso avait pour mandat l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui n’a jamais vu le jour. Les divergences sur le corps électoral et l’absence de consensus ont rendu cette option inapplicable. Pour la première fois, un projet alternatif est sur la table : la création d’une Mansaso (Mission d’assistance des Nations unies à la négociation d’un statut d’autonomie au Sahara), chargée non plus de préparer un scrutin hypothétique, mais d’accompagner la mise en œuvre d’une autonomie sous souveraineté marocaine.
Une telle réforme constituerait une victoire diplomatique pour Rabat, qui verrait son plan reconnu comme solution de référence et ouvrirait la voie à la sortie du Sahara de la liste des « territoires non autonomes ».
Face à cette dynamique, l’Algérie campe sur une ligne de plus en plus isolée. Le président Abdelmadjid Tebboune continue de réclamer un référendum irréalisable, tandis que le Polisario, marginalisé, tente de rallier les ONG en appelant à élargir le mandat onusien à la surveillance des droits humains. Cette posture, perçue comme un blocage systématique, révèle surtout l’incapacité d’Alger à proposer une alternative viable et son refus d’admettre que le référendum appartient au passé.
En France, la position de La France insoumise (LFI) a surpris. Longtemps soutien du Polisario, le mouvement a récemment infléchi sa ligne en reconnaissant les avancées du Maroc et en évoquant l’autonomie comme option réaliste. Cette évolution, en cohérence avec la diplomatie française, a provoqué de vives critiques en Algérie, où les réseaux sociaux dénoncent une « trahison » des causes sahraouies. Mais pour Rabat, ce repositionnement illustre l’isolement croissant du camp pro-référendum sur la scène internationale.
Le Conseil de sécurité se prononcera en octobre sur le renouvellement du mandat onusien. Trois membres permanents – États-Unis, France et Royaume-Uni – appuient Rabat. Moscou et Pékin, prudentes, pourraient s’abstenir. Rabat mise sur un soutien élargi des membres non permanents pour acter la bascule.
Si la réforme était adoptée, ce serait une rupture historique : l’option référendaire serait définitivement écartée au profit d’une autonomie encadrée par l’ONU, consacrant l’approche marocaine comme la seule voie réaliste et durable.