A partir de 2027, l’Afrique du Sud doit diversifier ses sources de GNL face à la baisse des livraisons mozambicaines. Le Qatar et les États-Unis se disputent ce marché stratégique, tandis qu’ExxonMobil et QatarEnergy développent infrastructures et contrats pour sécuriser l’approvisionnement.
ExxonMobil voit désormais l’Afrique du Sud comme un marché prioritaire pour ses ventes de GNL à long terme. C’est ce qu’a annoncé le 1er octobre, Shahrukh Mirza, vice-président du développement du GNL chez ExxonMobil, lors de l’African Energy Week 2025.
Selon les études de la compagnie américaine, le pays pourrait avoir besoin de 6 à 7 GW de nouvelles centrales à gaz pour accompagner sa transition énergétique. Dans ce sens, l’entreprise travaille déjà avec Vopak et Transnet sur un terminal de GNL à Richards Bay.
Il faut savoir que Pretoria a récemment proposé d’acquérir jusqu’à 12 milliards de dollars de GNL américain sur dix ans, mais les tensions commerciales avec Washington, accentuées par l’imposition de droits de douane de 30 % par Donald Trump, compliquent les négociations.
Parallèlement, le Qatar avance ses pions. L’année dernière, le ministre sud-africain de l’Électricité a présenté l’émirat comme un fournisseur prioritaire pour Eskom et Sasol. Cela intervient dans un contexte où Doha prévoit d’accroître de 80 % ses exportations de GNL d’ici 2030 et a multiplié les échanges bilatéraux avec Pretoria.
Il faut savoir qu’une grande partie des volumes supplémentaires reste non contractée ou sous contrat avec des intermédiaires, offrant au Qatar une flexibilité stratégique pour pénétrer de nouveaux marchés. Les discussions portent sur des accords de gouvernement à gouvernement, censés offrir stabilité et sécurité d’approvisionnement.
Techniquement, les approches diffèrent. Les États-Unis misent sur l’intégration au marché mondial du GNL et sur des partenariats d’infrastructures, tandis que le Qatar exploite un modèle centralisé via QatarEnergy, capable de coordonner et gérer sa stratégie d’exportation avec un contrôle étatique fort.
Les deux pays se retrouvent néanmoins interconnectés. QatarEnergy détient 70 % du projet américain Golden Pass, où ExxonMobil possède également des parts, montrant que la rivalité mondiale pour le leadership du GNL passe aussi par des collaborations croisées.
Selon l’Union internationale du gaz, en 2024, les États-Unis étaient le plus grand exportateur mondial de GNL avec 88,42 millions de tonnes, suivis par l’Australie avec 81,04 millions de tonnes, tandis que le Qatar a enregistré 77,23 millions de tonnes. Mais la donne pourrait changer d’ici 2025, avec le Qatar supplantant ses rivaux, notamment grâce à la mise en production de nouveaux projets de classe mondiale comme le North Field West. Ce projet est susceptible de produire 16 millions de tonnes de GNL par an, selon Saad Sherida al-Kaabi, ministre d’Etat aux Affaires énergétiques et patron de QatarEnergy.
Pour Pretoria, le défi est de sécuriser rapidement ses besoins, tout en gérant le coût, la volatilité du rand et la fiabilité des partenaires. L’Afrique du Sud devient ainsi un nouveau terrain de compétition stratégique pour le GNL, où la rivalité entre le Qatar et les États-Unis pourrait s’inscrire dans un équilibre subtil entre contrôle du marché et complémentarité des approvisionnements. Tout dépendra de la capacité de l’Afrique du Sud à accélérer ses infrastructures et à arbitrer entre alliances diplomatiques et sécurité énergétique.