Botswana : un plan de 27 milliards $ pour concrétiser une diversification déjà engagée

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Le Botswana cherche à réduire sa dépendance aux diamants, qui assurent encore près d’un tiers de ses recettes publiques. Le plan de développement soumis au Parlement illustre la volonté du pays de relancer une économie fragilisée par la crise prolongée du marché diamantifère.

Le gouvernement botswanais a présenté, mardi 14 octobre, un plan quinquennal de 388 milliards de pulas (environ 27 milliards $). Baptisé 12e plan national de développement (NDP 12), le document fixe les priorités économiques du pays jusqu’en 2030 et sert de cadre pour les budgets successifs.

Selon les détails rapportés par Bloomberg, le plan doit « guider la transformation » du Botswana et accélérer la diversification de son économie. Il accorde une place centrale aux infrastructures de transport, à l’eau et à l’habitat, considérés comme des leviers de croissance et de création d’emplois. Le gouvernement prévoit de financer ces investissements par des partenariats public-privé, des contributions communautaires et la participation d’investisseurs institutionnels. Environ 287 milliards de pulas seront consacrés à de nouveaux projets, le reste servant à poursuivre des programmes déjà engagés.

Il faut noter que l’initiative arrive dans une période délicate pour l’économie botswanaise. Dans une note publiée fin septembre, le Fonds monétaire international (FMI) estime que l’activité économique devrait reculer en 2025 de 1 %, après avoir déjà ralenti de 3 % en 2024, principalement en raison du ralentissement du secteur diamantifère.

Deuxième producteur mondial de diamants bruts, le Botswana subit les effets conjugués d’une demande mondiale affaiblie et de la montée en puissance des pierres synthétiques. L’agence S&P Global Ratings a récemment abaissé la note souveraine du pays de BBB+ à BBB avec une perspective négative, évoquant la baisse prolongée des recettes minières, la détérioration des comptes publics et l’érosion des réserves de change.

Depuis son arrivée au pouvoir, le nouveau président Duma Boko (photo) tente de relancer l’économie en plaçant la diversification au cœur de sa stratégie. En juin 2025, il a lancé le Botswana Economic Transformation Program (BETP), qui met l’accent sur les services, la finance régionale et la croissance inclusive pour donner un nouveau souffle à l’économie et réduire le chômage. Moins de trois mois plus tard, un nouveau fonds souverain a été créé pour investir dans des actifs productifs et renforcer la capacité du pays à financer sa croissance à long terme. Les autorités ont précisé vouloir utiliser uniquement les rendements qui seront générés par le fonds (sans toucher au capital) pour soutenir les dépenses de développement. Dans le même esprit, Gaborone et De Beers (le principal partenaire de l’Etat sur les diamants) ont mis en place le Diamonds for Development Fund, doté d’un milliard de pulas, destiné à soutenir des secteurs tels que l’agriculture intelligente, l’énergie ou le tourisme.

Le NDP 12 apparaît dans ce contexte comme une étape supplémentaire d’une stratégie amorcée depuis plusieurs mois pour diversifier la base productive du pays. Si les débats au Parlement (censés durer jusqu’à novembre) aboutissent à son adoption, il devra démontrer sa capacité à traduire les ambitions politiques en résultats tangibles.

Dans son rapport publié fin septembre dernier, le FMI a indiqué que « les initiatives lancées par le gouvernement visant à réduire les dépenses publiques inefficaces, à mieux hiérarchiser les investissements publics et à favoriser les investissements menés par le secteur privé » sont encourageantes. L’institution recommande, entre autres, de renforcer la mobilisation des recettes domestiques, de rationaliser les dépenses publiques et d’améliorer le climat d’affaires pour encourager les investissements privés.

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