Somalie: l’Éthiopie opposée au déploiement de troupes égyptiennes

Actualité Africaine

Alors que l’Égypte s’apprête à déployer des troupes de maintien de la paix en Somalie dans le cadre de la Mission de soutien de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM), l’Éthiopie continue d’exprimer ses réserves sur cette initiative, a appris APA vendredi.

De hauts responsables éthiopiens affirment qu’Addis-Abeba ne contestera pas formellement la présence de militaires égyptiens au sein d’AUSSOM, mais qu’elle n’acceptera pas leur implication directe en Somalie, redoutant un déséquilibre dans la composition des forces.

Outre le risque de tensions entre soldats éthiopiens et égyptiens, les autorités à Addis-Abeba s’inquiètent également des conséquences en matière de renseignement. La perspective d’avoir des troupes égyptiennes « à leur porte » en Somalie suscite la crainte que celles-ci puissent recueillir des informations sensibles sur les capacités logistiques et opérationnelles de l’armée éthiopienne.

Les deux pays entretiennent depuis plus d’une décennie des tensions autour du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, sur le Nil. Le Caire estime que ce projet menace son approvisionnement en eau, ce qu’Addis-Abeba juge infondé. Depuis 2011, des voix issues de cercles militaires égyptiens ont même évoqué l’hypothèse d’actions de sabotage, alimentant la méfiance.

L’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi a durci la rhétorique égyptienne, même si celle-ci s’est quelque peu atténuée ces dernières années. Les crispations persistent toutefois, notamment après l’envoi par l’Égypte de matériel militaire en Somalie, dans le sillage des tensions provoquées par l’accord entre Addis-Abeba et le Somaliland visant à donner à l’Éthiopie un accès à la mer Rouge en échange d’une reconnaissance diplomatique. Mogadiscio avait dénoncé ce pacte comme une atteinte à sa souveraineté.

Lundi, une délégation de 16 officiers égyptiens est arrivée à Mogadiscio pour une mission de reconnaissance avant le déploiement annoncé.

L’ambassadeur d’Éthiopie en Somalie, Suleiman Dedefo, a déclaré récemment que son pays se sentait « ni menacé ni à l’aise » face à la présence égyptienne, précisant qu’elle ne constituerait pas une menace directe « tant qu’elle ne tente pas de défier nos forces ». Il a ajouté que l’apport du Caire serait « plus utile dans des pays voisins comme la Palestine, la Libye ou le Soudan ».

La délégation, conduite par le général Islam Radwan, a été reçue par des officiers d’AUSSOM et de l’armée nationale somalienne (SNAF). Elle a ensuite rencontré les responsables de la mission, dont le représentant spécial de la présidente de la Commission de l’UA et chef de mission, l’ambassadeur El Hadji Ibrahima Diene, avant d’assister à un briefing sécuritaire au quartier général de la force.

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