Le premier ministre veut financer 90% du redressement du Sénégal par ressources internes. Jeudi 18 septembre 2025, il lancera les diaspora bonds, invitant la diaspora à investir pour réduire la dette et renforcer la souveraineté économique.
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko (photo, au centre), a profité de sa rencontre avec la diaspora à Milan, en Italie, pour exposer une vision de rupture : financer à 90 % le Plan de redressement économique et social (PRES) et la Vision 2050 par des ressources intérieures, et réduire au minimum la dépendance aux bailleurs internationaux.
Face à un déficit budgétaire de 12% et un endettement estimé à 118% du PIB, M. Sonko a plaidé pour une refondation. « Le plan de redressement sera financé à 90 % par des ressources intérieures au Sénégal et 10 % par le marché local sénégalais », a-t-il affirmé, présentant cette orientation comme une « opération autonomie par rapport au financement étranger ».
Milan: Ousmane SONKO présente le Plan de Redressement économique et social à la Diaspora. https://t.co/F7bVshMcR1 — Ousmane Sonko (@SonkoOfficiel) September 13, 2025
Cette démarche s’appuie sur une réduction du train de vie de l’État, la centralisation des marchés publics, des économies sur la fonction publique et la justice financière pour solder les « crimes du passé ».
La diaspora, dont les transferts ont atteint 2211 milliards de francs CFA (3,96 milliards $) en 2024 – plus que le déficit budgétaire – est appelée à devenir un acteur central. « Appel public à l’épargne diaspora semaine prochaine », a lancé M. Sonko, annonçant le lancement le jeudi 18 septembre 2025 des Bons Citoyens et Patriotiques (diaspora bonds). Ces obligations offriront des rendements compris entre 6,40% et 6,95% sur 3 à 10 ans et financeront le remboursement de la dette ainsi que des projets structurants.
Les représentants de la diaspora ont exprimé leur soutien, rappelant leur rôle dans « le combat patriotique de Pastef » et les victoires électorales récentes. Ils ont salué les réformes administratives annoncées — passeports de 10 ans, identité numérique, cités de la diaspora — comme des signaux concrets d’une meilleure inclusion.
Pour convaincre, le Premier ministre et le ministre des Finances ont mis en avant le succès des précédents appels publics à l’épargne : 420 milliards FCFA mobilisés lors d’un premier appel contre 150 prévus, puis plus de 300 milliards FCFA lors du second. Le ministre a dit espérer que le succès des diaspora bonds « fera trembler les marchés » et démontrera que le Sénégal est « sur la bonne voie, avec ou sans qui que ce soit ».
Dans le même esprit d’autonomie, M. Sonko a insisté sur la nécessité de diversifier les partenariats. Estimant que « le centre de gravité mondial en matière d’économie et de puissance est en train de se déplacer », il a évoqué les visites présidentielles en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar, et annoncé des « missions spéciales » vers la Chine, le Japon, la Corée et la Turquie. Une manière d’élargir les sources d’investissement hors du giron traditionnel des bailleurs occidentaux.
Au-delà de l’ingénierie financière, il appelle à un changement de mentalité. Sacrifices, civisme et unité nationale sont présentés comme des conditions pour transformer la crise en opportunité. « La diaspora doit investir prioritairement dans son pays », a-t-il insisté.