Au Ghana, plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi pour dénoncer l’exploitation illégale de l’or, appelée Galamsey. À l’origine de la mobilisation, des organisations de la société civile déterminées à lutter contre ce phénomène.
Les protestataires rappellent que, malgré leurs promesses faites en début d’année, les nouvelles autorités n’ont pas encore réussi à enrayer ce fléau.
Une explosion de l’orpaillage artisanal au Ghana a entraîné une contamination au mercure atteignant des niveaux dangereux dans les communautés riveraines, selon une étude soutenue par le gouvernement. Dans certaines zones, les taux mesurés dans les sols dépassent jusqu’à 134 fois les seuils jugés sûrs.
Le rapport, publié par l’organisation environnementale new-yorkaise Pure Earth et l’Agence ghanéenne de protection de l’environnement, s’appuie sur une année d’analyses d’échantillons de sols, d’eau, de cultures et de poissons dans six des treize régions minières du Ghana.
La flambée des prix de l’or a alimenté la croissance rapide du secteur artisanal, souvent mal encadré, composé de petits exploitants aurifères. Cette situation suscite de vives inquiétudes quant aux conséquences sanitaires potentielles. Le secteur a exporté 66,7 tonnes métriques d’or sur les huit premiers mois de l’année, pour une valeur de 6,3 milliards de dollars, contre environ 53,8 tonnes pour l’ensemble de 2024.
En dépit des efforts du Ghana pour distinguer l’exploitation minière légale de l’activité illégale, les circuits de l’or se recoupent fréquemment, brouillant les frontières et compliquant l’application des réglementations.
Les chercheurs ont relevé, à Konongo Zongo, des taux moyens de mercure dans le sol de 56,4 parties par million (ppm), bien au-dessus du seuil de sécurité de 10 ppm fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les pics enregistrés durant la période d’étude ont atteint 1 342 ppm dans cette localité.
« UNE EXPOSITION CUMULATIVE CONSTITUE UN GRAVE RISQUE SANITAIRE »
Outre la contamination au mercure, le rapport signale des niveaux d’arsenic atteignant 10 060 ppm, soit plus de 4 000 % au-dessus des recommandations de l’OMS.
L’OMS rappelle qu’une forte exposition à l’arsenic peut provoquer des lésions cutanées, une insuffisance rénale et accroître les risques de cancers du poumon, de la vessie et de la peau, via l’eau et la nourriture contaminées.
« L’exposition cumulative à ce cocktail de métaux toxiques, par ingestion, inhalation et contact cutané, constitue un grave danger pour la santé et requiert une intervention immédiate », indique le rapport présenté à des militants écologistes et à des responsables gouvernementaux lors d’une réunion à Accra le 18 septembre, et communiqué à Reuters ce week-end.
Les conséquences seraient déjà visibles dans certaines communautés, selon Anthony Enimil, membre de la Société pédiatrique du Ghana, un groupe de défense de la santé infantile.
« Nous constatons une augmentation des cas d’enfants issus des zones minières souffrant de troubles rénaux – certains sont désormais sous dialyse », a déclaré M. Enimil lundi. « Les radiographies révèlent la présence de billes de mercure dans leur organisme, après ingestion accidentelle. »
Un porte-parole du gouvernement ghanéen n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
Godwin Armah, secrétaire général de l’Association nationale ghanéenne des petits exploitants miniers, a reconnu que la pollution au mercure due à l’orpaillage artisanal prendra du temps à être résolue.
« Nous avons interdit l’utilisation du mercure pour l’amalgamation de l’or et utilisons désormais le Gold Kacha (concentrateur) comme alternative plus sûre. Nous intensifions également les actions de sensibilisation », a-t-il précisé, évoquant un dispositif simple employé par les orpailleurs pour séparer l’or.
La pollution toxique, principalement issue de l’exploitation aurifère non réglementée et à petite échelle, sévit dans l’ensemble des treize régions minières, affirment des écologistes, dont le groupe de pression A Rocha Ghana, basé à Accra.
Le président ghanéen John Dramani Mahama a promis de sévir contre l’exploitation minière illégale et a créé le Ghana Gold Board pour superviser le secteur, mais selon ses détracteurs, les avancées tardent et des manifestations ont eu lieu pour réclamer des mesures contre l’orpaillage illégal.