Éthiopie: une vague d’arrestations de journalistes menace la liberté de la presse, reporters sans frontières tire la sonnette d’alarme 

Actualité Africaine

Une vague d’arrestations de journalistes secoue l’Éthiopie, avertit l’ONG Human Rights Watch dans un rapport publié le 22 septembre. Cette répression dure depuis le début de l’année et s’intensifie : six journalistes ont été arrêtés rien qu’au mois d’août 2025.

Les dernières remontent à début septembre et HRW a appelé dans un communiqué les autorités d’Addis Abeba à « libérer immédiatement toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et d’opinion ». « Les efforts renouvelés des autorités éthiopiennes pour museler la presse indépendante visent avant tout à empêcher le contrôle public du gouvernement », a affirmé Laetitia Bader, directrice adjointe de la division Afrique de HRW, citée dans le communiqué, avant de demander aux autorités de « cesser de cibler les journalistes ». Interrogée, la porte-parole du Premier ministre n’a pour l’heure pas donné suite aux sollicitations de l’AFP. 

Reporters sans frontières tire la sonnette d’alarme 

En août, Reporters sans frontières (RSF) avait affirmé que « les atteintes à la liberté de la presse et à l’exercice du journalisme se sont multipliées ces derniers mois » dans le pays, où des élections législatives sont prévues en juin 2026. Le 3 septembre, trois journalistes qui travaillent pour la radio privée Sheger FM ont été arrêtés, quelques jours après la diffusion d’un sujet sur les professionnels de santé, qui se sont mobilisés ces derniers mois pour de meilleurs salaires. L’autorité éthiopienne des médias « avait ordonné à la chaîne de supprimer l’émission, l’accusant de partialité et d’incitation à la violence », selon HRW, poursuivant que malgré le fait que la radio ait obtempéré, « les forces de sécurité ont tout de même arrêté les journalistes ». Un seul a été libéré à ce jour. 

Une reprise en main de l’information selon RSF

Mi-avril, trois employés de l’Addis Standard, un quotidien en ligne en anglais, ont été détenus pendant plusieurs heures après une descente policière et des saisies dans leurs locaux « La répression ne fait que s’accentuer contre les médias indépendants », déplore auprès de l’AFP un journaliste éthiopien, en exil depuis la guerre qui a fait rage au Tigré, dénonçant un climat « terrifiant ».

A son arrivée au pouvoir en 2018, le Premier ministre Abiy Ahmed avait été salué pour son ouverture, après presque trois décennies dominées par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1991 à 2018. 
Mais l’Ethiopie pointe cette année au 145e rang sur 180 pays (-4 places sur un an) dans le classement de la liberté de la presse de RSF du fait d’une « reprise en main du champ de l’information » par le pouvoir. Huit journalistes sont emprisonnés à ce jour en Ethiopie, selon RSF. 

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