Visa K : la Chine veut attirer la tech mondiale, une opportunité pour les talents africains

Actualité Africaine

Face à la complexification des enjeux technologiques et à l’intensification de la concurrence mondiale, la Chine acte un changement de stratégie significatif. Elle entend s’abreuver du dynamisme et de la diversité cognitive des jeunes talents étrangers. Une mesure gagnant-gagnant à travers laquelle le pays affirme que l’innovation ne peut plus être uniquement endogène.

Le 1er octobre 2025, la Chine active son nouveau « visa K », un sésame dédié aux jeunes talents mondiaux de la Tech. Annoncée en août dernier par le Conseil des affaires d’État, cette mesure vise particulièrement à attirer les diplômés et professionnels des filières STEM (Science, Technology, Engineering, and Mathematics, NDLR) en offrant une alternative plus flexible aux 12 visas ordinaires que propose déjà le pays.

« Cette décision vise à mettre en œuvre davantage la stratégie de développement de la main-d’œuvre de la Chine dans la nouvelle ère, à faciliter l’entrée des jeunes talents scientifiques et technologiques étrangers en Chine et à promouvoir la coopération et les échanges internationaux entre les jeunes professionnels scientifiques et technologiques », a indiqué le Conseil.

L’obtention du nouveau visa chinois ne requiert aucune offre d’emploi préalable en Chine ou invitation d’une entité nationale. Il bénéficie d’une procédure allégée, d’une validité étendue et est multi-entrées. Pour les jeunes talents africains, cette offre laisse entrevoir plusieurs opportunités.

Expérience professionnelle pointue

Au fil des ans, la Chine est devenue une destination académique de choix pour les étudiants africains. En 2018, près de 17 % des étudiants étrangers en Chine venaient d’Afrique, selon les données du ministère chinois de l’Education, cité par China Daily. Soit près de 81 000 personnes. Elles étaient encore 61 594 en 2016 et 49 792 en 2015. Autant de diplômés africains — en ingénierie, IA, data, cybersécurité, développement logiciel — qui constituent le premier vivier naturel pour le visa K qui leur offre désormais une passerelle directe pour revenir en Chine et convertir leurs diplômes en une expérience professionnelle au sein de l’écosystème tech innovant et dynamique local, sans avoir à trouver un employeur au préalable.

Circulation plutôt que fuite des cerveaux

La flexibilité du visa K permet aussi d’envisager des trajectoires en aller-retour. Les talents africains peuvent acquérir en Chine une expertise, un réseau et des partenaires précieux avant de retourner les valoriser dans les écosystèmes tech d’Afrique, dynamisant ainsi l’innovation locale. En effet, les fondateurs de start-up africaines pourraient utiliser ce visa pour tester leurs produits, établir des bureaux de sourcing ou accélérer leur processus d’industrialisation en étant au plus près des fabricants et des chaînes d’approvisionnement chinoises. Ce visa facilite également la mobilité des chercheurs africains vers les laboratoires chinois, encourageant la collaboration et la participation au développement technologique que Pékin promeut activement.

Supplanter l’attractivité des USA

Le nouveau visa chinois intervient dans un contexte où les États-Unis ont annoncé le 21 septembre dernier l’application d’un nouveau droit annuel de 100 000 $ pour le visa H-1B destiné aux employeurs souhaitant recruter des professionnels hautement qualifiés. Avant, les frais s’élevaient entre 2 000 $ et 5 000 $ par demande selon la taille de l’entreprise, indique le Conseil américain de l’immigration. Il ajoute que près de 65% des titulaires de ce visa occupaient des emplois liés à l’informatique en 2023. Plus de 70% sont des citoyens indiens.

Bien que la Chine se montre très engageante avec sa nouvelle catégorie de visa qui s’adresse aussi aux acteurs des domaines de l’éducation et de la culture, il demeure toutefois encore certaines zones d’ombres à préciser. L’administration n’a pas encore détaillé l’âge plafond, le niveau de diplôme exigé au cas par cas, les droits au travail dans chaque situation (emploi salarié, projet entrepreneurial), ni d’éventuels avantages connexes (regroupement familial, passerelles vers la résidence). Pour les innovateurs et entrepreneurs, il est aussi attendu des précisions sur la définition des « activités entrepreneuriales et commerciales pertinentes » auxquelles le visa leur ouvre des facilités. Il faudra aussi garder à l’esprit la question cruciale de la propriété intellectuelle. Travailler en Chine implique de se plier au droit local. Une vigilance absolue sur les contrats est nécessaire pour protéger ses innovations.

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